jeudi 27 octobre 2016

Tribulation d'un primo-égaré aux WSOP de Las Vegas

FLASH BACK - PREMIÈRE PARTICIPATION AUX CHAMPIONNATS DU MONDE DE POKER A VEGAS...


Il est 9h00 à Las Vegas, 18h00 en France.
Cela fait deux jours que nous sommes arrivés ma femme et moi dans ce lieu mythique et fabuleux, et cela fait deux jours qu'on se prépare à être au top de la forme, avec un décalage horaire de 9h dans la vue... Autant vous dire qu'on a les cernes qui tombent sur les chaussettes.
Bref, je pense qu'on va se gaver de RedBull pour tenir le choc ... Dans 3 heures commence le tournoi dans lequel nous nous sommes inscrits (le 1500$ Texas Hold'em No Limit). Plus de 3000 joueurs sont attendus. Le tournoi se déroule sur 3 jours. Une aubaine pour nous d'étudier de l'intérieur un des tournois du Championnat du Monde. Tous les détails vont compter, de l'inscription, à l'installation aux tables, au début du tournoi, aux pauses, aux sorties des joueurs, aux augmentations des blinds, bref une mine d'informations importantes pour rester concentrer et vivre à 300% ce fabuleux moment.

Le but de cette première journée : tenir pour être présent le second jour (et plus si affinité).
Nos techniques de jeu sont très différentes entre ma femme et moi. Elle a un jeu très serré et conservateur qui lui à permis de faire ses preuves et de vraies performances sur Internet. Elle devrait tenir sa façon de jouer même si je lui conseille souvent d'être plus agressive même avec un jeu moyen lorsqu'elle a la position.
Pour ma part, ma stratégie va être la suivante :
Les blinds augmentent toutes les heures avec 4500 en cave de départ (depuis 2015, 7500 de stack), ce qui laisse le temps de voir venir les choses. Premier élément, l'observation des joueurs. Si je tombe sur une table plutôt tight, je serai plutôt large, et  inversement, si ils sont agressifs, je jouerai très serré.
Donc une heure d'observation, puis je commencerai à jouer. La stratégie étant de monter les jetons assez rapidement pour attendre tranquillement le deuxième jour.
Je pense que j'essaierai d'être au maximum serré agressif et de n'être en confrontation qu'avec des joueurs ayant moins de jetons que moi et dont la fragilité psychologique est plus visible.

Tout ceci ne sont que de belles paroles qu'il va falloir appliquer, mais tout joueur de poker sait que nul n'est à l’abri d'un bad beat...
Rendez vous dans quelques heures pour la suite de l'histoire…


Le premier jour vient de se terminer. Quels sont les résultats à la fin de ce premier challenge ?
Avant de dévoiler la suite, voici l'état dans lequel nous étions à l'abord de ce tournoi. Etant le premier tournoi majeur disputé, il est clair que nous n'étions pas rassurés. Des milliers de joueurs partout, dans les 4 salles des WSOP, c'est très impressionnant, voire plus. Nous avons très mal dormi, très mal mangé, avec le décalage horaire encore très présent. Nous avions une boule au ventre digne de la boule présente avant le début du Bac, comme si nous allions passer un examen et que notre vie future en dépendait... Bref, un état fébrile et fiévreux.

Début du tournoi. Nous avons 4500 en jetons, avec une structure lente (1h pour chaque niveau) et le début des blinds à 25/50.
Hélène se trouve à la table 46, et moi à la table 6.
"Shuffle Up and deal" déclare le directeur de tournoi au micro. Le cœur bat à 100 à l'heure et on n'en est qu'à la première main.
Comme prévu je commence à observer chaque joueur et les comportements de chacun devant différentes situations (découverte des cartes, relances, call, ...). Au bout de 5 à 6 mains, je cerne déjà la table, très serrée.
Septième main, j'ai JK à trèfle. Je suis au bouton. Je relance à 100. La BB me suit. Au flop, 2, 10, 7. Check du BB, mise à 150, BB fold. Pendant la première heure, ça n'a été que cette méthode, avec des continuation bet malgré le manque de jeu au Flop. Il est clair que le niveau de la table n'était pas au top, ce qui m’allait parfaitement vu que le mien était identique aux autres.
Pendant le premier niveau, je n'ai pas dû perdre un coup en ne prenant cependant aucun risque.
Augmentation des blinds, 50/100.
Arrive alors une paire de 6 en main.
Je suis de grosse blind.
Le bouton relance à 300. Je le suis pour voir le flop au cas où...
Flop : 63J. un rêve...
Je check. Il fait son continuation bet à 300. Je call.
Turn : Q. Aucune possibilité de couleur ou de suite pour l'instant. L'adrénaline est à son comble.
Je check. Il mise 400
Reraise de ma part à 800.
J'entends alors un formidable all in de sa part que je m'empresse de payer, invisible que j'étais. Il a AQ en main. Il est drawing dead pour la river. Je le sors du tournoi avec mon brelan de 6. Je suis environ à 7000 en jetons au bout d'une heure et demie.
Je monte tranquillement les jetons sans prendre de risque, en ne cherchant pas les tirages, en valorisant les mains faites au flop, et jetant les poubelles. J'essaie de jouer résolument la position et ça marche.
Sur les 10 joueurs du début j'en élimine 6. Au bout de 7 heures de jeu, j'en suis à 25000 en chips.
Entre temps, à la 3ème pause je vois Hélène qui m'apprend s'être faite éliminée avec une paire d'as en main contre une paire de 10 qui trouve son brelan ; le bad beat classique.
Donc au bout de 7 heures de jeu, un énorme stack arrive à la table, aussi grand et fort que son tapis. Le type à qui il ne vaut mieux pas chercher des noises...
Agressif dès son arrivée, il terrorise tout le monde. A chaque fois que je suis de grosse blind, il me la vole. Jusqu'au moment où trop c'est trop.
J'ai 4 et 9 de trèfle de big blind à 1000. Comme d'habitude, musclor me fait une relance à 3000. Je call. Au flop : 5,9,J, aucun trèfle, et aucune possibilité de tirage, mais une paire de 9 sur le flop.
Je suis premier de parole, et je me dis que si je n'attaque pas tout de suite, je suis mort. Je mise donc 3.500. Il me relance à 10.000 !!! Je ne me démonte pas et je call.
Turn, une dame. Je check, il check. River, un 5.
Je réfléchis un peu et me dis : Si je check, il mise et ne suis plus maitre de rien, par contre si je mise une petite somme pour lui faire croire à un value bet, il peut folder. Je mise 3.500 et après une réflexion de deux bonnes minutes qui m'ont fait passer par tous les états, il jette de rage sa main. Je suppose qu'il avait AK ou quelque chose comme ça. Je ne pus m'empêcher de lui montrer la mienne pour lui faire comprendre qu'il devait arrêter de voler mes blinds. La table en était interloquée et très admirative.
Deux coups plus tard, le même pète un câble après un tapis d'un excellent joueur qui n'arrêtait pas de se faire mitrailler par des photographes (J'ai pensé que c'était quelqu'un de connu ici...).AQ contre AK. Il perd alors 80 % de son tapis et ne se relèvera pas de ces deux coups mortels.
A 23h30, j'ai 45000 en jetons et suis vraiment très bien, mais exténué. Je ne joue plus et attends tranquillement la fin. Il reste 273 joueurs, à 3 places des places payées. Plus personne ne joue, et les tables jouent main par main et s'arrêtent tant que toutes les tables n'ont pas finies le coup. 72...71...70 tonnerre d'applaudissements, sauf pour le couillon qui vient de sauter à une place du bonheur.
1H, fin du 10e round, on compte les jetons (41600) et on les place dans des sacs en plastiques.
Voilà, la mission vient d'être partiellement accomplie, passer le premier jour...

Deuxième jour du 1500 NLH
Après une nuit horrible (2 heures de sommeil) faite de doutes, d'espoirs, de gamberge, de questions, de réponse..., j'entame le deuxième jour très fatigué.


La partie commence (800/1600) et j'ai le deuxième plus gros tapis de la table, donc en bonne voie. Par contre, les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Je suis tombé sur une table de lions. Tapis sur tapis sur tapis. Injouable...
Je descends à 30000.
Au bout de 3/4 d'heure de jeu, j'ouvre deux dames. Le gars UTG relance à 4000. Je suis juste après lui. Et là j'ai un doute. Est-ce que je fais tapis ou le call. Mon état de fatigue me fait prendre une mauvaise décision. Je le call. Le SB relance en faisant tapis à 27000. UTG se couche. Je décide de payer après une longue hésitation.
Il a A10 de cœur. Au flop, 89J. Turn K, River 7...
Il ne me reste plus que 2500 à peu près. Quelques mains plus tard, je suis de BB et presque à tapis. J'ouvre AQ, tapis d'un short stack et call d'un gros stack sans voir ses cartes. Je fais bien sur tapis également espérant trouver un as ou une dame. Le gros stack a 3 et 10. Il trouve son 3 et sort les deux shorts stacks. Je finis à la 167e place et empoche 3100$ qui nous remboursent notre entrée.
Ainsi s'achève une aventure fabuleuse que tout amateur de poker se doit de vivre un jour dans sa vie.

Coup de chapeau à l'organisation du tournoi qui est proche de la perfection. Cette ambiance particulière ne se retrouve dans aucun tournoi en France et c’est bien dommage. La démesure américaine est un modèle certes critiquable, mais si impressionnant à vivre. Je vous souhaite de vivre cette adrénaline si ça n’est pas encore fait !
Pour les millions, ça sera pour une autre fois...




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