lundi 2 janvier 2017

Le tapis induit

LE TAPIS INDUIT

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Aujourd'hui, nous allons nous intéresser à une nouvelle idée. C'est une alternative à une solution souvent utilisée de manière rentable dans des tournois MTT, le push or fold.

Vous êtes bien sûr familier du fameux concept push or fold. Il consiste à miser son tapis (push) ou au contraire jeter sa main (fold). Cette solution est la meilleure solution des fins de tournois pour les joueurs nantis d'un petit stack. C'est une approche purement binaire. Le plus souvent, le joueur en push aura une main correcte mais rarement une premium. La majorité des joueurs vont en effet tenter de rentabiliser une premium avec une simple relance. Ce n'est pas forcément un move EV+ car cette action est visible comme le fameux éléphant dans son magasin de porcelaine ! Si le joueur est malin, il réfléchit avant de jouer, choisit une main, un spot ou les deux ; sinon, il le fait n'importe quand. De toute manière, une fois l'action générée, la suite appartient au destin.
À quel moment est-il conseillé de l'employer ? À partir de 20 blinds, c'est envisageable ; au-dessous de 10 blinds, c'est nécessaire ; entre les deux, à vous de choisir. C'est un concept qui a un avantage certain : il fonctionne plutôt correctement. Néanmoins, c'est une méthode à high variance. En effet, une fois lancé, vous n'avez aucune solution de rechange. Parfois même, si vous aviez plutôt opté pour un jeu normal - raise ou limp- au lieu de partir à tapis, vous auriez fait folder votre adversaire au flop. Or vilain vient de payer votre push et il trouve sa carte à la turn et vous perdez. Aargh...
Je vous ai déjà parlé de ce fameux tournoi au cours duquel j'avais appliqué cette technique près de quarante fois. Au début, j'avais eu de la chance. Ensuite, j'avais encore eu de la chance. Grâce à cette chance, j'avais pu construire une belle image. En changeant de table, j'avais en fait trouvé de nouveaux joueurs qui s'était progressivement habitués à mon style (!). Plus tard, j'avais retrouvé des joueurs des tables précédentes qui rejoignaient ma table avec de gros stacks. J'avais toujours le même tapis que j'avais – déjà – quand j'étais à leur table, soit entre 5 et 10 blinds. Cette situation peut se voir de deux manières. D'un côté, je n'avais pas progressé. De l'autre, je m'étais maintenu. Mes adversaires en déduisaient de toute manière que je maîtrisais les concepts du poker et surtout celui du push or fold. J'étais donc potentiellement dangereux et ils ne voulaient pas prendre de risque avec moi.
Si vous vous en sortez avec ces push and fold, au bout d'un certain temps vous allez également vous forger une sorte de fear equity. Des adversaires échaudés par vos tapis gagnants gagnés contre eux ou contre d'autres adversaires sur cette table vont finir par passer des mains limites. Normalement, ils auraient dû vous suivre mais ils finissent par avoir peur. Pourquoi ? Ils ont une fausse image de vous – joueur chattard – et ils sont persuadés de perdre tous les coups contre vous. Ah, le beauté de l'image factice !
Afficher l'image d'originePourtant, nul n'a besoin d'être grand clerc pour  comprendre les risques encourus par ce style de jeu sans filet. Lady Luck doit être constamment à nos côtés. Ce fameux jour aux 40 tapis – et non voleurs, ce qui n'est finalement pas si loin -, elle était clairement de mon côté. Je viens d'ailleurs de la côtoyer une nouvelle fois, avec ma main honnie - si tant est que j'en aie une -, AQ. Cette fois, elle est suited. Je mise 2BB UTG, prêt à tout envoyer (15BB) si quelqu'un me revient dessus. Ça ne loupe pas et un short-stack envoie son tapis avec AT. Bien, surtout quand je vois le flop et le board avec QQ qui me fait brelan. Ça c'est le bon côté de la pièce. Ce n'est pas toujours le cas. L'autre existe également, et c'est bien malheureux. Ma dernière main AQs en live m'avait connecté à AQ au flop...avant de donner quinte river chez vilain avec KJ. À vomir. Heureusement, je n'en porte plus les stigmates car depuis, j'ai inversé la tendance comme vu précédemment et donc vaincu le signe indien.
Jusqu'à ces derniers mois, le push or fold était mon unique panoplie de short stack. Je dois avouer que ça marchait assez bien. Pourtant, je peux vous dire que j'essaye de monter des jetons en début de tournoi mais...that's poker ! À l'occasion d'un tournoi mélangeant pro et amateurs confirmés, j'ai croisé la route d'un pro qui joue ces périodes short très différemment. Avec 10BB, il raise UTG 2BB ce qui paraît aberrant. Croyez-moi ou non, ça passe avec soit des folds, soit des call. Pourquoi ? L'image « baby » comme dirait Nguyen. Bien sûr, si quelqu'un lui revient dessus, il envoie son tapis ou paye le tapis de vilain. Cette excellente méthode ne se joue qu'avec une bonne image. Ça tombe bien, il en a une.
J'ai commencé à développer cette méthode ce soir. J'avoue que c'est assez sympa. Vous connaissez forcément le « stop and go ». Cette technique éprouvée consiste à limp préflop ou encore suivre une relance. Puis au flop, tout pousser même si nous n'avons pas connecté au flop. De toute manière, toucher quelque chose au flop est assez rare. C'est ce que dit le pro, mais lui n'est pas toujours dans la technique stop and go. Il se paye le luxe de miser quelques blinds post flop en partant du principe que son jeu pasot flop est meilleur que la majorité de ses adversaires. Il n'a pas tort.
J'aime bien cette approche. De plus, elle nous permet de ne pas péter un plomb au cas où notre main dominante préflop serait ravagée au flop par le joueur ayant suivi notre push. J'ai un exemple tout frais en live. Le début est horrible et la fin agréable. J'ai 10BB que j'envoie joyeusement avec AJ. Un nouveau venu à la table me regarde, vérifie son tapis, se dit « ça vaut le coup » et finit par payer avec 12BB. Il dévoile...J4. Le coup est  nettement EV- pour lui, mais après tout, c'est son choix et ça m'arrange. Mon moment de stupeur devant son jeu est rapide car le croupier dévoile le flop.
Je rêve ou quoi ! La première carte du flop est un 4. Vilain triomphe. Il prépare déjà son « ah, je le savais ». La seconde carte, un As, détruit toutes ses velléités de rodomontades. Je suis rassuré car la meilleure main gagne. Oups, non, car la troisième carte du flop est un 4. Vilain jubile. Il est aux anges et commence à dire « ouais, je le sentais bien ce coup là ». je lâche un « c'est vraiment n'importe quoi ce deuxième 4 » et je commence à enfiler ma veste...que je repose dans la foulée à l'apparition de l'as à la turn. « Dodge the bullets » devrait être ma devise sur ce coup, non. ? Dans ce cas, tout serait parti au flop car je n'aurais jamais vu mon adversaire sur un 4.

La conclusion de tout ça est toujours la même : sans coup de chance, pas de victoire. Allez, good luck à vous !

Ecrit par Chip&Win

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