DANGER
La peur n'empêche pas le danger. J'aime bien cette
expression qui reflète parfaitement la réalité. Au poker, j'ai un sens du
danger tellement exacerbé que je ne prends jamais de risque. Pire, j'ai une
aversion pour tout type de risque. Soyons honnête, c'est la même chose dans la
vie en général. J'exagère un petit peu, pas pour la vie, pour le poker. Je
prends des risques, mais uniquement des risques calculés. En d'autres termes,
je joue toujours EV+. Est-ce malin ? Non. Est-ce vrai ? En partie. Je vous dois
une petite explication.
En début de tournoi, j'aime bouger avec vraiment any
two. Je le fais en position, hors position, en limpant, en misant, en
relançant avec des 3 ou des 4-bet. Je pratique plus volontiers ce jeu créatif online.
Les buy in sont modérés et les risques sont donc faibles. Je peux ainsi tester
de nouvelles approches de notre jeu préféré. Je commence donc par saisir de
très nombreux spots. Je me paye parfois le luxe de payer des 3-bet hors
position ce que je ne ferais jamais en live. 
En revanche, je n'hésite pas à changer de rythme si rien
ne rentre donc à ne plus  faire grand
chose. Pire, plus je suis contré, plus je me renferme et plus je commence à
calculer. Je commence à folder les mains sans potentiel. En réalité, j'attends
avec impatience une main ou un spot qui me permettra d'envoyer à vilain un bon
vieux 3-bet de derrière les fagots. Je suis énervé quand je ne connecte pas au
flop. Je ne parle même pas d'avoir des mains : je n'attends rien de précis
car je sais que les bonnes mains ne courent pas les tables. Je sais que je vais
devoir me débrouiller avec que j'ai, rien de moins, rien de plus. Si je ne
bouge pas, je vais rapidement me retrouver de l'autre côté, celui des
spectateurs et surtout, celui des perdants. Je ne suis pas intéressé.
Si vous avez été attentif à ce qui précède, alors vous
avez forcément noté l'utilisation d'un mot ennemi du joueur de poker,
« énervé ». Un joueur de poker ne doit jamais perdre sa
concentration. Si je touche JJ, je vais forcément envoyer un raise conséquent,
suivi par un ou deux joueurs. Avec une dame au flop, deux check avant moi, un
c-bet s'impose. Je mise 2/3 du pot et je vois avec horreur vilain me revenir
dessus à tapis. Je suis obligé de folder avec mon stack de plus de 50BB. C'est
sûr, je suis déçu. À cet instant, j'ai deux manières de gérer ce mauvais coup.
Je ne parle pas de bad beat car dès le départ, vilain avait peut-être une
meilleure main, qui sait ?  Je viens
de subir QQ vs KK alors je parle en connaissance de cause.
Ma première réaction est négative. Je me dis « pour
une fois que j'avais une bonne main » et je peste contre la malchance.
Cette attitude va avoir une incidence néfaste sur la suite de ma partie. Je
vais me recroqueviller sur moi-même, attendre une nouvelle main qui peut-être
ne viendra jamais. N'adoptez jamais cette attitude négative. 
Dîtes-vous plutôt « j'ai la solution à mes
problèmes. Je suis la solution à mes problèmes. ». Cette seconde réaction
avec la méthode Coué a fait ses preuves. C'est ainsi, je dois simplement
remonter sur mon cheval et repartir de l'avant avec force. Mes adversaires ne
doivent pas constater un changement dans mon jeu car sinon, ils vont exploiter
mes nouvelles faiblesses. Après la main perdue précédente, je suis de BB à 500.
Quatre joueurs s'invitent jusqu'à mon voisin de gauche qui est de SB. Il
relance chaque main et touche des trucs impossibles comme par exemple Q au flop
avec QQ en main vs AA. Cette fois, il raise 4BB à 2000 et je suis avec une main
potentielle Q9 et un tapis de 22k. Nous sommes six dans le coup et sur un flop
8JT, le raiseur check, je mise 1500 de BB dans un flop de 7500. Un joueur fold,
un joueur suit, un autre fold, un 3-bet, le raiseur initial fold et je pars à
tapis avec ma quinte floppée. Le chip leader de la table me suit et le joueur
ayant 3-bet avec un tapis de 15k. Rien ne sauve ces joueurs et me voilà avec
66K sur des blinds 250-500. Je vais enfin pouvoir jouer au poker.
Cette belle histoire arrive peu souvent. En réalité,
après avoir gaspillé des chips en raisant J2, QJ ou A2, en suivant des 3bet et
en ne connectant rien de terrible, je me retrouve le plus souvent dans la zone
push or fold. En effet, si j'avais attendu des mains décentes ou des spots
corrects, j'aurais certainement un tapis hors zone push or fold et je serais
mieux. J'aurais certainement pu rentabiliser des mains mais maintenant, c'est
fini. 
Autrement dit, je suis mis en danger tout seul. Pire
encore, si je ne supporte pas le jeu trop agressif d'un adversaire, je vais
parfois me mettre en tête de le contrer ce qui n'est jamais constructif. C'est
du grand n'importe quoi. En effet, au poker personne ne devrait cibler des
adversaires pour une histoire de revanche. Les seuls joueurs à cibler sont les
joueurs faibles à la table, ni plus, ni moins.
Le danger réel dans un tournoi à tapis de départ correct,
par exemple 20k, n'arrive pas immédiatement à l'apparition des antes mais un
peu plus tard. Dès que la BB est de 400, je dois alors jouer en fonction de mon
tapis. Si j'ai réussi à monter un tapis très correct, je vais pouvoir bouger.
Si j'ai un tapis moyen ou plus petit que la moyenne, comme je n'ai pas envie de
sauter ou pire, si j'ai peur de perdre, je vais alors resserrer mon jeu. Je
devrais au contraire commencer à vraiment bouger car les antes deviennent
essentielles dès ce niveau de blind. C'est ce que font les joueurs pros qui au
contraire développent un jeu plus agressif à l'apparition des antes. 
Les joueurs vont commencer à sauter et certains vont spew
donnant de gros tapis à leurs adversaires. Le metagame va s'en ressentir et je
vais avoir encore plus de difficulté à tirer mon épingle du jeu. Peu importe
les joueurs en réalité. 
Je prends souvent pour exemple ce tournoi dans lequel
j'ai joué des heures avec un tapis de 5 à 10 blinds en tombant sur une table
très chargée en chips, mon voisin de gauche possédant 150BB ! J'ai
simplement dû asseoir ma réputation et attendre les fameuses cartes. Dans ce
cas précis, je n'avais pas peur car la peur m'aurait alors complètement
détruit.
C'est un tout autre danger qui attend les joueurs avant
la bulle. Un petit tapis va plus ou moins jouer la montre, regarder ce qui se
passe sur les autres tables avant de tout envoyer après l'éclatement de la
bulle. Un gros tapis a deux méthodes. Jouer un jeu safe sans danger ou
au contraire profiter de son tapis pour agresser. Cette seconde option est dans
son intérêt car à un moment ou à un autre, il va s'éloigner du tapis optimal et
des leaders du tournoi, sauf s'il monte des jetons.
En fin de tournoi, si j'ai la chance d'avoir un stack
dominant, je vais pouvoir jouer des coups et tenter de jolis bluffs. Bon ça, je
le fais aussi en début de tournoi mais le spot doit être parfait. Je suis moins
regardant en fin de tournoi. Je joue l'adversaire et les tapis présents sur la
table. 
Je ne parle évidemment pas de la TF qui se joue de
manière particulière. Je ne dois montrer ni peur ni faiblesse, le secret de
réussite étant dans une agression contrôlée.
Comme vous pouvez le constater, vous devez éloigner la
peur de votre jeu, la laisser de côté et jouer un jeu cohérent et fort. Vos
adversaires vous respecteront et vous laisseront en paix. Je vous rappelle
qu'ils recherchent les joueurs faibles, ni vous, ni moi.
GG et rendez-vous sur les tapis verts !
Ecrit par Chip&Win


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