dimanche 22 janvier 2017

SIZING

SIZING

Nous autres joueurs amateurs, même éclairés, souffrons d'un vrai problème de fond : nous avons du mal à équilibrer nos sizing.
Traditionnellement, quand nous avons une belle main, nous misons plus cher qu'à l'accoutumé. C'est aussi mon cas. avec cependant une différence de taille par rapport à d'autres joueurs: je le sais et je choisis donc ce type de sizing en connaissance de cause. Attention, il m'arrive également de polariser à tapis avec AA ou KK si le jeu s'y prête mais c'est un move assez risqué à court terme. Je le paye quelquefois face à des joueurs qui font n'importe quoi et touchent un flop de fou !
Prenons l'exemple type de la grosse main qui rencontre de l'opposition. Je suis de BB. Un premier joueur limpe, suivi par le raise d'un joueur en milieu de parole et un autre joueur se joint à la fête. La SB les accompagne pour la cote. C'est clairement le moment de toucher une main et d'en profiter. Je trouve AA. Je ne me demande même pas quoi faire et je 3-bet lourd afin de ne conserver qu'un joueur.
Je suis en réalité confronté à un problème de taille. Un joueur attentif pourrait tout à fait interpréter mon 3-bet comme un squeeze. Si ce joueur est le premier à suivre, il risque d'entraîner les autres à la suite et adieu la domination écrasante. Je dirai même plus, tout autre move qu'une grosse relance de ma part serait une erreur impardonnable. En plus, j'ai un avantage supplémentaire avec ce 3-bet. Si le relanceur initial a une grosse main, et toujours en raison du possible squeeze, il pourrait parfaitement placer un 4-bet en position. Il entendrait alors un gros coup de tonnerre et pourrait tout me donner !
J'ai croisé des joueurs qui, se croyant malins, ne faisaient que payer. Du coup, ils se se retrouvaient face à cinq ou six joueurs post flop et quelques minutes plus tard, se lamentaient d'avoir perdu le coup. Dommage pour eux !
Le sizing avec une grosse main pré flop est un vrai problème. La théorie EV+ voudrait qu'un joueur raise toujours de la même manière, en bluff, avec une main moyenne ou une grosse main. La réalité est loin de la théorie. La majorité des joueurs « classiques » va faire une plus grosse relance avec une grosse main. C'est logique car avec pas mal de joueurs dans un coup, ne pas miser ou sur-relancer une grosse main serait une erreur. Je me souviens de cette paire d'as perdu contre six joueurs alors que j'étais large chip leader avant le coup. Ballot non ? Et pourtant, nous étions tous à tapis. A contrario, j'ai croisé un joueur qui envoyait parfois son tapis avec une petite paire et faisait un petit raise de 2BB avec une main premium. Tout est possible.
En revanche, de leur côté, les pros ou les semi-pros raisonnent totalement différemment. Ils veulent absolument « retirer de la value » de leurs grosses mains. Ils aiment les jouer contre deux joueurs, même plus. Il privilégies cette technique qui leur permet de faire jouer leur supériorité post flop grâce à leur edge. Ils savent en effet que leur jeu post flop est le plus souvent meilleur que celui des joueurs « récréatifs ».
D'un côté, ils ont raison et de l'autre, j'ai une approche alternative dont je vais vous parler.
Osez me dire que vous n'avez jamais tenté d'attraper vilain au flop avec vos grosses mains. Bien sûr que si. Imaginons que vous limpiez UTG avec AA. Plusieurs joueurs vous suivent dont vilain, joueur pro ; qui vous suit avec sa paire pourrie. Comme il est vraiment chattard, il va toucher son brelan turn ou river et par la même occasion, vous infliger un gros bad beat. Vous regretterez alors de ne pas avoir relancé pré flop. Pleurer sur votre sort ne va rien arranger sinon vous mettre en situation de tilt.
Quand je raconte ces histoires de protection contre des brelans, les pros, encore eux, disent « ouais, vous ne devez jamais être result oriented, c'est très mauvais ». Là encore, l'argument est recevable. Toutefois, l'expérience parle et je ne veux pas mettre mon tapis en jeu. Je maintiens mon raisonnement qui, à mon avis, est encore plus vrai en début de tournoi ou alors quand j'ai un stack nettement dominant.
Cependant, si je dois monter des jetons en milieu ou en fin de tournoi avec un tapis inférieur à 25BB, la situation est différente. Dans ce cas, je vais tenter de piéger des joueurs faibles avec mes grosses mains en espérant que tout va bien se passer.
Nous venons de parler de problèmes de riches. Malheureusement, les mains premium ne sont pas légion et le plus souvent, le problème de sizing va concerner une main plus modeste. Nous allons aborder ces questions de sizing pré flop et post flop. Ce qui va suivre rapporte ce que j'ai vu ou vécu dans des tournois.
Voyons le sizing pré flop. En début de tournoi, UTG, UTG+1 ou UTG+2 devraient miser 2 à 2,5BB, ni plus ni moins. C'est un sizing correct et ce quelle que soit la main. Jusqu'à ces dernières années, mes adversaires pensaient que j'avais une grosse main. Ce n'est plus toujours le cas car des joueurs malins et attentifs jouent sur le côté « j'ai une grosse main » et ouvrent avec pas grand chose ! En milieu de parole, je peux descendre entre 2 et 2,3BB. Cette fois, mes adversaires vont se dire que j'ai une main correcte ou décente et ce sera le cas. J'aurais en général au moins une main jouable. En fin de parole, je vais polariser avec une grosse relance ou au contraire relancer à 2BB. Dans cette situation, mes adversaires n'ont aucune idée sur la qualité de ma main qui est any two. Ils ont même tendance à croire que j'exploite la position.
Le sizing va réellement dépendre de la qualité de la table et du metagame.
Plus le tournoi avance, plus je vais devoir sélectionner mes mains. Relancer une petite paire dans les trois premiers de parole devient de plus en plus dangereux au fur et à mesure de l'apparition des petits stacks à la table. Ils risquent à chaque coup de 3-bet shove nous obligeant à folder. Les mains potentielles sont également dangereuses avec un stack modeste, même la fausse bonne main KQ. C'est un peu la même chose en milieu ou en fin de parole car il reste de toute manière SB et BB à parler. C'est vraiment la puissance de mon stack qui va conditionner mes relances. Ces relances vont le plus souvent être de 2BB.
En fin de tournoi, on passe au push or fold et alors, c'est une question de feeling. J'y vais ou je n'y vais pas et ce quelle que soit la position. Si j'ai un tapis correct, je vais relancer de 2BB comme tout le monde, ni plus, ni moins. Si j'ai un petit tapis, de toute manière je ne serai pas dans la main post flop sauf si j'ai une belle main pré flop. Dans ce cas, je risque tout simplement de sauter du tournoi et je ferais mieux la prochaine fois, c'est tout. J'aurais souvent déjà misé mon tapis avec un tapis modeste.
Intéressons-nous au sizing post flop. Si je suis le relanceur pré flop, ma tendance naturelle sera de tendre vers une mise à la hauteur du pot mais c'est une erreur. En effet, qui va me suivre ? Les gros tapis qui cherchent à récupérer mon stack ? Les pros qui vont de toute manière mieux jouer turn et river ?
Mes sizing sont trop évidents à décoder. Si j'ai une belle main, je mise cher ou très bon marché. Si j'ai une main moyenne, je ne mise pas et au mieux, je vais suivre une mise. Si je n'ai rien, adieu. Il me reste du boulot !
En réalité, je devrais une fois encore mixer mon jeu entre belles mains, mains moyennes et bluffs. Je ne bluffe pas si je n'ai pas un stack correct. Enfin en réalité, je ne le fais pas en live et seulement online. Les pros le font. Le mieux est de privilégier les relances de 1/3 à 2/3 de la hauteur du pot et ce sans rapport avec la force de ma main. Ce n'est pas très simple pour moi. Par ailleurs, je ne me lance pas dans des bluffs ou des tirages à moins d'avoir un gros stack. Et encore, je ne le ferais certainement qu'avec la position. Vous avez tout compris : je ne suis pas vraiment courageux !
Si je ne suis pas relanceur pré flop, je vais payer ce type de relance – 1/3 ou 2/3 du pot - avec une main correcte à fort potentiel, mais pas avec la bottom paire sauf si j'ai un gros tapis. J'aurais alors de la marge et je réfléchirais à mon action en prenant en compte le metagame.
Ah protection et sécurité quand tu me tiens...
Miser trop fort post flop signifie clairement « j'ai peur, ne vient pas car je ne veux pas subir un bad beat ». Comme je ne vais toucher le flop en moyenne qu'une fois sur trois, je ne vais pas avoir de nombreuses possibilités de grimper des jetons. C'est la raison pour laquelle les pros cherchent à jouer le plus de mains possibles pré flop. Ils vont ainsi multiplier leurs chances de gagner des chips donc de se retrouver en position dominante pour le reste du tournoi. Ils jouent les grosses mains comme les autres mains, sans aucune peur. Ils ont raison.
La morale de cette histoire est évidente. Nous devons grimper des jetons assez rapidement dans le tournoi. Ce ne sera possible qu'avec un jeu pré flop basé sur des min raise entre 2 et 2,3BB. Nous ne pouvons pas le faire en jouant un jeu très sérieux, sauf sérieux coup de chance. Nous devons prendre des risques. Ces risques doivent être calculés. C'est possible de jouer comme ça en début de tournoi. Le problème est ailleurs. En effet, plus le tournoi avance, plus les blinds augmentent, plus notre stack s'amenuise et plus nous commençons à paniquer. En milieu de tournoi, les pros continuent d'appliquer la même stratégie d'agression contrôlée. Nous devrions faire de même alors que nous nous recroquevillons. Nous attendons un signe. Je dis souvent « je suis très patient. ». Je devrais plutôt dire « J'ai peur de prendre des risques et j'attends une belle main ». C'est une erreur. OK, nous ne sommes pas des pros, nous jouons avec notre argent. Cependant, nous pouvons revenir à un jeu plus standard au-dessous de 30BB. En revanche, apportons quand même un peu de variété à notre jeu car sinon nous finirons par nous perdre dans les limbes du jeu sans intérêt et sans potentiel. Quel dommage !

Ecrit par Chip&Win

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