SIZING
Nous autres
joueurs amateurs, même éclairés, souffrons d'un vrai problème de
fond : nous avons du mal à équilibrer nos sizing.
Traditionnellement,
quand nous avons une belle main, nous misons plus cher qu'à
l'accoutumé. C'est aussi mon cas. avec cependant une différence de
taille par rapport à d'autres joueurs: je le sais et je choisis donc
ce type de sizing en connaissance de cause. Attention, il m'arrive
également de polariser à tapis avec AA ou KK si le jeu s'y prête
mais c'est un move assez risqué à court terme. Je le paye
quelquefois face à des joueurs qui font n'importe quoi et touchent
un flop de fou !
Prenons
l'exemple type de la grosse main qui rencontre de l'opposition. Je
suis de BB. Un premier joueur limpe, suivi par le raise d'un joueur
en milieu de parole et un autre joueur se joint à la fête. La SB
les accompagne pour la cote. C'est clairement le moment de toucher
une main et d'en profiter. Je trouve AA. Je ne me demande même pas
quoi faire et je 3-bet lourd afin de ne conserver qu'un joueur. 
Je suis en
réalité confronté à un problème de taille. Un joueur attentif
pourrait tout à fait interpréter mon 3-bet comme un squeeze. Si ce
joueur est le premier à suivre, il risque d'entraîner les autres à
la suite et adieu la domination écrasante. Je dirai même plus, tout
autre move qu'une grosse relance de ma part serait une erreur
impardonnable. En plus, j'ai un avantage supplémentaire avec ce
3-bet. Si le relanceur initial a une grosse main, et toujours en
raison du possible squeeze, il pourrait parfaitement placer un 4-bet
en position. Il entendrait alors un gros coup de tonnerre et pourrait
tout me donner !
J'ai croisé
des joueurs qui, se croyant malins, ne faisaient que payer. Du coup,
ils se se retrouvaient face à cinq ou six joueurs post flop et
quelques minutes plus tard, se lamentaient d'avoir perdu le coup.
Dommage pour eux !
Le sizing
avec une grosse main pré flop est un vrai problème. La théorie EV+
voudrait qu'un joueur raise toujours de la même manière, en bluff,
avec une main moyenne ou une grosse main. La réalité est loin de la
théorie. La majorité des joueurs « classiques » va
faire une plus grosse relance avec une grosse main. C'est logique car
avec pas mal de joueurs dans un coup, ne pas miser ou sur-relancer
une grosse main serait une erreur. Je me souviens de cette paire d'as
perdu contre six joueurs alors que j'étais large chip leader avant
le coup. Ballot non ? Et pourtant, nous étions tous à tapis. A
contrario, j'ai croisé un joueur qui envoyait parfois son tapis avec
une petite paire et faisait un petit raise de 2BB avec une main
premium. Tout est possible.
En revanche,
de leur côté, les pros ou les semi-pros raisonnent totalement
différemment. Ils veulent absolument « retirer de la value »
de leurs grosses mains. Ils aiment les jouer contre deux joueurs,
même plus. Il privilégies cette technique qui leur permet de faire
jouer leur supériorité post flop grâce à leur edge. Ils savent en
effet que leur jeu post flop est le plus souvent meilleur que celui
des joueurs « récréatifs ». 
D'un côté,
ils ont raison et de l'autre, j'ai une approche alternative dont je
vais vous parler.
Osez me dire
que vous n'avez jamais tenté d'attraper vilain au flop avec vos
grosses mains. Bien sûr que si. Imaginons que vous limpiez UTG avec
AA. Plusieurs joueurs vous suivent dont vilain, joueur pro ; qui
vous suit avec sa paire pourrie. Comme il est vraiment chattard, il
va toucher son brelan turn ou river et par la même occasion, vous
infliger un gros bad beat. Vous regretterez alors de ne pas avoir
relancé pré flop. Pleurer sur votre sort ne va rien arranger sinon
vous mettre en situation de tilt.
Quand
je raconte ces histoires de protection contre des brelans, les pros,
encore eux, disent « ouais, vous ne devez jamais être result
oriented, c'est
très mauvais ». Là encore, l'argument est recevable.
Toutefois, l'expérience parle et je ne veux pas mettre mon tapis en
jeu. Je maintiens mon raisonnement qui, à mon avis, est encore plus
vrai en début de tournoi ou alors quand j'ai un stack nettement
dominant. 
Cependant,
si je dois monter des jetons en milieu ou en fin de tournoi avec un
tapis inférieur à 25BB, la situation est différente. Dans ce cas,
je vais tenter de piéger des joueurs faibles avec mes grosses mains
en espérant que tout va bien se passer.
Nous venons
de parler de problèmes de riches. Malheureusement, les mains premium
ne sont pas légion et le plus souvent, le problème de sizing va
concerner une main plus modeste. Nous allons aborder ces questions de
sizing pré flop et post flop. Ce qui va suivre rapporte ce que j'ai
vu ou vécu dans des tournois.
Voyons
le sizing pré flop. En début de tournoi, UTG, UTG+1 ou UTG+2
devraient miser 2 à 2,5BB, ni plus ni moins. C'est un sizing correct
et ce quelle que soit la main. Jusqu'à ces dernières années, mes
adversaires pensaient que j'avais une grosse main. Ce n'est plus
toujours le cas car des joueurs malins et attentifs jouent sur le
côté « j'ai une grosse main » et ouvrent avec pas grand
chose ! En milieu de parole, je peux descendre entre 2 et 2,3BB.
Cette fois, mes adversaires vont se dire que j'ai une main correcte
ou décente et ce sera le cas. J'aurais en général au moins une
main jouable. En fin de parole, je vais polariser avec une grosse
relance ou au contraire relancer à 2BB. Dans cette situation, mes
adversaires n'ont aucune idée sur la qualité de ma main qui est any
two. Ils ont même
tendance à croire que j'exploite la position. 
Le sizing va réellement dépendre de la qualité de la table et du metagame.
Le sizing va réellement dépendre de la qualité de la table et du metagame.
Plus le
tournoi avance, plus je vais devoir sélectionner mes mains. Relancer
une petite paire dans les trois premiers de parole devient de plus en
plus dangereux au fur et à mesure de l'apparition des petits stacks
à la table. Ils risquent à chaque coup de 3-bet shove nous
obligeant à folder. Les mains potentielles sont également
dangereuses avec un stack modeste, même la fausse bonne main KQ.
C'est un peu la même chose en milieu ou en fin de parole car il
reste de toute manière SB et BB à parler. C'est vraiment la
puissance de mon stack qui va conditionner mes relances. Ces relances
vont le plus souvent être de 2BB. 
En fin de
tournoi, on passe au push or fold et alors, c'est une question de
feeling. J'y vais ou je n'y vais pas et ce quelle que soit la
position. Si j'ai un tapis correct, je vais relancer de 2BB comme
tout le monde, ni plus, ni moins. Si j'ai un petit tapis, de toute
manière je ne serai pas dans la main post flop sauf si j'ai une
belle main pré flop. Dans ce cas, je risque tout simplement de
sauter du tournoi et je ferais mieux la prochaine fois, c'est tout.
J'aurais souvent déjà misé mon tapis avec un tapis modeste. 
Intéressons-nous
au sizing post flop. Si je suis le relanceur pré flop, ma tendance
naturelle sera de tendre vers une mise à la hauteur du pot mais
c'est une erreur. En effet, qui va me suivre ? Les gros tapis
qui cherchent à récupérer mon stack ? Les pros qui vont de
toute manière mieux jouer turn et river ? 
Mes sizing
sont trop évidents à décoder. Si j'ai une belle main, je mise cher
ou très bon marché. Si j'ai une main moyenne, je ne mise pas et au
mieux, je vais suivre une mise. Si je n'ai rien, adieu. Il me reste
du boulot !
En réalité,
je devrais une fois encore mixer mon jeu entre belles mains, mains
moyennes et bluffs. Je ne bluffe pas si je n'ai pas un stack correct.
Enfin en réalité, je ne le fais pas en live et seulement online.
Les pros le font. Le mieux est de privilégier les relances de 1/3 à
2/3 de la hauteur du pot et ce sans rapport avec la force de ma main.
Ce n'est pas très simple pour moi. Par ailleurs, je ne me lance pas
dans des bluffs ou des tirages à moins d'avoir un gros stack. Et
encore, je ne le ferais certainement qu'avec la position. Vous avez
tout compris : je ne suis pas vraiment courageux !
Si je ne
suis pas relanceur pré flop, je vais payer ce type de relance –
1/3 ou 2/3 du pot - avec une main correcte à fort potentiel, mais
pas avec la bottom paire sauf si j'ai un gros tapis. J'aurais alors
de la marge et je réfléchirais à mon action en prenant en compte
le metagame. 
Ah
protection et sécurité quand tu me tiens...
Miser trop
fort post flop signifie clairement « j'ai peur, ne vient pas
car je ne veux pas subir un bad beat ». Comme je ne vais
toucher le flop en moyenne qu'une fois sur trois, je ne vais pas
avoir de nombreuses possibilités de grimper des jetons. C'est la
raison pour laquelle les pros cherchent à jouer le plus de mains
possibles pré flop. Ils vont ainsi multiplier leurs chances de
gagner des chips donc de se retrouver en position dominante pour le
reste du tournoi. Ils jouent les grosses mains comme les autres
mains, sans aucune peur. Ils ont raison.
La morale de
cette histoire est évidente. Nous devons grimper des jetons assez
rapidement dans le tournoi. Ce ne sera possible qu'avec un jeu pré
flop basé sur des min raise entre 2 et 2,3BB. Nous ne pouvons pas le
faire en jouant un jeu très sérieux, sauf sérieux coup de chance.
Nous devons prendre des risques. Ces risques doivent être calculés.
C'est possible de jouer comme ça en début de tournoi. Le problème
est ailleurs. En effet, plus le tournoi avance, plus les blinds
augmentent, plus notre stack s'amenuise et plus nous commençons à
paniquer. En milieu de tournoi, les pros continuent d'appliquer la
même stratégie d'agression contrôlée. Nous devrions faire de même
alors que nous nous recroquevillons. Nous attendons un signe. Je dis
souvent « je suis très patient. ». Je devrais plutôt
dire « J'ai peur de prendre des risques et j'attends une belle
main ». C'est une erreur. OK, nous ne sommes pas des pros, nous
jouons avec notre argent.  Cependant, nous pouvons revenir à un jeu
plus standard au-dessous de 30BB. En revanche, apportons quand même
un peu de variété à notre jeu car sinon nous finirons par nous
perdre dans les limbes du jeu sans intérêt et sans potentiel. Quel
dommage !
Ecrit par Chip&Win
Ecrit par Chip&Win


Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire