Ah les jolis bad beat

Ah les jolis bad beat

Non, non, je ne suis pas le seul mais ça commence à bien faire. Je n'arrête vraiment pas d'en prendre plein la gueule - quand je suis grossier, j'en ai vraiment ras-le-bol - et j'essaye de positiver comme je peux. Je me dis "bon, ça c'est fait",
et encore "bon, celui-là je ne l'aurai pas de si tôt" pour ajouter "je préfère l'avoir maintenant que le jour J" et ainsi de suite.

Mais bon sang, qu'est ce que je prends "plein la gueule" ? Allons, vous l'avez deviné. Je veux parler des bad beat. Nous autres joueurs de poker avons pourtant une fâcheuse tendance à mettre dans le même sac bad beat, mauvais coup et set up. Ce sont pourtant trois mauvais coups qui n'appartiennent pas au même registre. Voyons tout cela de plus près.
Un bad beat typique est de partir avec AA vs KK et de voir un K tomber au board. Merde...C'est encore un full floppé qui va se faire démonter par un full supérieur chez vilain à la river.
Un mauvais coup est un peu différent. Vous partez avec deux paires et vous tombez contre un joueur avec la paire max. Si ce joueur fait une deuxième paire pour finir avec une main supérieure à la vôtre, ce sera un mauvais coup. Si en revanche ce même joueur a le coup perdu et gagne car le board donne une paire supérieure à votre deuxième paire, alors vous retombez dans le bon vieux bad beat.
Enfin, vous touchez votre 7 qui vous donne un brelan et votre adversaire détient les 9 et se réjouit du 9 au flop. cette fois, c'est un set up.
Dimanche dernier, j'ai monté un joli stack et à force de prendre des mauvais coups, j'ai quitté le tournoi prématurément. cette fois, c'est le jeu qui a tourné du mauvais côté, ni plus, ni moins, et ce d'autant plus que je n'ai commis aucune erreur après avoir été chip leader de la table.
Revenons à - presque - la célébration de mes bad beat actuels. Ai-je raison ? Non bien entendu mais je me réfugie derrière la fameuse loi des grands nombres. Toutefois, cette loi s'applique à long terme et elle ne fonctionne pas à court terme. Prenons un exemple évident.
Vous êtes dans un casino et vous jouez à la roulette. Les chances sont naturellement contre vous et vous allez vraisemblablement perdre. Un malin m'a affirmé la semaine dernière que c'était facile de gagner à la roulette et qu'il connaissait la martingale. Il m'a alors lancé "il suffit de doubler après chaque coup  perdu" avant d'ajouter pour me sortir de mon désarroi "oui, bien sûr, je parle du rouge et du noir ou du pair/impair". Là encore, tu as tort mon ami. Qui te prouve que si maintenant je lance 30 fois une pièce en l'air, elle ne retombera pas 30 fois sur pile ? Personne car c'est improuvable. La loi des grands nombres ne s'applique pas telle quelle.

En ce qui concerne mes bad beat. je peux très bien perdre vingt fois les as en vingt tournois. C'est l'impossible réalité qui est pourtant parfois bien réelle. C'est toute la beauté de la réalité qui peut facilement flirter avec l'irréel. Il m'est arrivé de perdre 18 fois KK et AA en moins de deux mois, en live et online, et dans ces coups, je n'ai pas commis d'erreur. C'est bien pourquoi dans un sat, si votre ticket est presque dans la poche, je vous conseillerais de jeter AA; Dans le cas du sat dont j'ai parlé plus haut, un joueur avec un gros stack a voulu me mettre une grosse pression de SB vs ma BB et a poussé son tapis fort de 60 BB vs le mien. Seulement, il avait mal jugé mon tapis nanti de 20 BB et à ce stade du tournoi, je me devais de doubler et j'ai donc joué et gagné mes 22. Lui en revanche est tombé de son piédestal pour terminer à la bulle.
Quand vous allez prendre votre prochain bad beat, faites-moi le plaisir de vous lever d'aller faire un tour et vous reviendrez plus fort. je ne fais pas toujours ça car j'aime bien "tout de suite remonter sur mon cheval" et je joue le coup d'après. De toute manière, ne vous recroquevillez pas et optez pour une de ces deux options.


Ecrit par Chip & Win