LES
PLEUREUSES
Vous
allez finir par vous demander « qui est cette geigneuse ? ».
C'est vrai, je suis parfois critique. Ai-je tort ? Non, car le
poker n'est finalement rien d'autre qu'un exemple d'humanité dans un
cadre restreint. 
Nous autres Français sommes plutôt connus à l'étranger pour ce côté geignard. Nous n'avons pas toujours tort de nous plaindre mais point trop n'en faut. D'ailleurs, je ne geins pas, je ne me plains pas. Comme dirait Michel Audiard, « je constate ». C'est totalement différent. Au fait, quel est cette fois le sujet de mon courroux, ou mieux, qui sont ces personnes critiquables ? Tout simplement les joueurs qui sont tout le temps en train de râler. Je parle bien sûr des autres et aussi de moi, enfin de tout le monde.
Nous autres Français sommes plutôt connus à l'étranger pour ce côté geignard. Nous n'avons pas toujours tort de nous plaindre mais point trop n'en faut. D'ailleurs, je ne geins pas, je ne me plains pas. Comme dirait Michel Audiard, « je constate ». C'est totalement différent. Au fait, quel est cette fois le sujet de mon courroux, ou mieux, qui sont ces personnes critiquables ? Tout simplement les joueurs qui sont tout le temps en train de râler. Je parle bien sûr des autres et aussi de moi, enfin de tout le monde.
Je
vous propose un exemple récent. Je me maintiens tant bien que mal
dans un tournoi majeur. Après un vilain coup, j'ai dégringolé et
je suis vraiment mal en point. Au bout d'un désert de cartes, il me
reste seulement deux blinds.  Je suis de BB avec 2k. Un joueur avec
un très gros tapis, sans doute le chip leader de la table, raise.
C'est tout à fait son droit, mieux c'est dans son intérêt car il
va montrer A7. Tout le monde se couche et je paye avec ma meilleure
main de la journée, AJ. Là dessus, vilain commence à grogner du
style « ah, c'est dur, je suis derrière ! ». J'ai
envie de lui dire « pour une fois, tu peux perdre 4k non ? ».
Eh bien non car, blam, le 7 tombe à la turn et il exulte. Je lui
demande juste un peu de décence et il se tourne vers le croupier en
disant que c'est son style et qu'il fait toujours pareil. Je me lève,
ramasse mes affaires, salut la table et je pars. 
Je
suis énervé par ce comportement vraiment déplacé. Vilain gagne un
30/70 quand même avec trois quatre chips, pas la lune. Je dois vous
dire que ce genre de coup m'est déjà arrivé dans l'autre sens et
qu'à chaque fois, j'ai su cacher ma joie, surtout si le coup
éliminait l'adversaire. J'ai évidemment toujours un geste de
contentement river, logique non ? L'adversaire étant mal,
pourquoi lui infliger une double peine ? Je dis toujours
« chacun fait comme il lui plaît » mais là, un peu
d'élégance quand même !
Du
côté des pleureurs, j'ai aussi un autre profil. Je l'ai vu au début
de ce même tournoi. C'est le joueur qui « vit le pire mauvais
jour de sa vie », dit « je ne vais jamais toucher mes
cartes »...avant justement de toucher des cartes comme
personne. Ce joueur, sympa au demeurant, a touché un nombre
incalculable de grosses mains – surtout KK -, de brelans, enfin
tout ce qu'il faut pour grimper un joli stack. Son jeu était bien
propre et il était agréable. J'espère qu'il a été loin dans ce
tournoi. Les autre joueurs de la table et moi-même lui avons tout de
même fait remarquer son ancienne plainte. Beau joueur, il a reconnu
avoir exagéré. « Ce n'est vraiment pas ma pire journée »
a-t-il ajouté avant de conclure par « c'est la meilleure
journée de ma vie ». Belle attitude...
Alors,
comment devrions-nous nous comporter ?
La
règle essentielle est de toujours respecter ses adversaires, surtout
s'ils perdent et sont éliminés. C'est encore plus vrai quand ils
subissent un bad beat de derrière les fagots. L'exemple ci-dessus
est quand même un joli 70/30 perdu. Ce n'est pas mon premier ni mon
dernier. Je ne vais pas en pleurer, ça fait partie du poker et je
dois l'accepter. Ce que je n'accepte en revanche pas c'est cette
fameuse double peine. Elle prend deux formes différentes. 
La
première est donc ce type de manifestation de joie excessive, un peu
comme celle du gagnant des WSOP. Je ne dis pas, un petit coup modeste
ou appuyé sur la table, un « yeah ! » ou encore un
échange avec un pote. Le high five serait la limite haute à ne pas
dépasser. Toute remarque trop forte et soutenue serait en revanche
déplacée.
La
seconde est différente. Elle se situe dans le registre de la plainte
du style « je n'ai jamais de chance », « c'est un
jour horrible »...Là encore, je dois avouer ma propension à
chialer. Je mélange les « ouin ouin » et les « win
win ». Je tapote sur la table et je me lamente tout seul. Je
discute avec mes voisins et j'expose mes vilaines cartes du style 72
35 J2. So what ? Ça ne sert strictement à rien. Je devrais en
prendre mon parti et me dire « demain est un autre jour ».
C'est la vérité avec cependant un risque « demain pourrait
être pire ». 
À
cet instant de fureur plus très contenue, je devrais me lever, faire
un petit tour et revenir plein de force. Faites de même et qui sait,
vous inverserez peut-être le destin. Ça vaut la peine de tenter le
coup, non ?
Ecrit par Chip&Win
Ecrit par Chip&Win



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