mardi 14 mars 2017

LES PLEUREUSES

LES PLEUREUSES

Vous allez finir par vous demander « qui est cette geigneuse ? ». C'est vrai, je suis parfois critique. Ai-je tort ? Non, car le poker n'est finalement rien d'autre qu'un exemple d'humanité dans un cadre restreint.
Nous autres Français sommes plutôt connus à l'étranger pour ce côté geignard. Nous n'avons pas toujours tort de nous plaindre mais point trop n'en faut. D'ailleurs, je ne geins pas, je ne me plains pas. Comme dirait Michel Audiard, « je constate ». C'est totalement différent. Au fait, quel est cette fois le sujet de mon courroux, ou mieux, qui sont ces personnes critiquables ? Tout simplement les joueurs qui sont tout le temps en train de râler. Je parle bien sûr des autres et aussi de moi, enfin de tout le monde.
Je vous propose un exemple récent. Je me maintiens tant bien que mal dans un tournoi majeur. Après un vilain coup, j'ai dégringolé et je suis vraiment mal en point. Au bout d'un désert de cartes, il me reste seulement deux blinds. Je suis de BB avec 2k. Un joueur avec un très gros tapis, sans doute le chip leader de la table, raise. C'est tout à fait son droit, mieux c'est dans son intérêt car il va montrer A7. Tout le monde se couche et je paye avec ma meilleure main de la journée, AJ. Là dessus, vilain commence à grogner du style « ah, c'est dur, je suis derrière ! ». J'ai envie de lui dire « pour une fois, tu peux perdre 4k non ? ». Eh bien non car, blam, le 7 tombe à la turn et il exulte. Je lui demande juste un peu de décence et il se tourne vers le croupier en disant que c'est son style et qu'il fait toujours pareil. Je me lève, ramasse mes affaires, salut la table et je pars.

Je suis énervé par ce comportement vraiment déplacé. Vilain gagne un 30/70 quand même avec trois quatre chips, pas la lune. Je dois vous dire que ce genre de coup m'est déjà arrivé dans l'autre sens et qu'à chaque fois, j'ai su cacher ma joie, surtout si le coup éliminait l'adversaire. J'ai évidemment toujours un geste de contentement river, logique non ? L'adversaire étant mal, pourquoi lui infliger une double peine ? Je dis toujours « chacun fait comme il lui plaît » mais là, un peu d'élégance quand même !

Du côté des pleureurs, j'ai aussi un autre profil. Je l'ai vu au début de ce même tournoi. C'est le joueur qui « vit le pire mauvais jour de sa vie », dit « je ne vais jamais toucher mes cartes »...avant justement de toucher des cartes comme personne. Ce joueur, sympa au demeurant, a touché un nombre incalculable de grosses mains – surtout KK -, de brelans, enfin tout ce qu'il faut pour grimper un joli stack. Son jeu était bien propre et il était agréable. J'espère qu'il a été loin dans ce tournoi. Les autre joueurs de la table et moi-même lui avons tout de même fait remarquer son ancienne plainte. Beau joueur, il a reconnu avoir exagéré. « Ce n'est vraiment pas ma pire journée » a-t-il ajouté avant de conclure par « c'est la meilleure journée de ma vie ». Belle attitude...

Alors, comment devrions-nous nous comporter ?

La règle essentielle est de toujours respecter ses adversaires, surtout s'ils perdent et sont éliminés. C'est encore plus vrai quand ils subissent un bad beat de derrière les fagots. L'exemple ci-dessus est quand même un joli 70/30 perdu. Ce n'est pas mon premier ni mon dernier. Je ne vais pas en pleurer, ça fait partie du poker et je dois l'accepter. Ce que je n'accepte en revanche pas c'est cette fameuse double peine. Elle prend deux formes différentes.
La première est donc ce type de manifestation de joie excessive, un peu comme celle du gagnant des WSOP. Je ne dis pas, un petit coup modeste ou appuyé sur la table, un « yeah ! » ou encore un échange avec un pote. Le high five serait la limite haute à ne pas dépasser. Toute remarque trop forte et soutenue serait en revanche déplacée.
La seconde est différente. Elle se situe dans le registre de la plainte du style « je n'ai jamais de chance », « c'est un jour horrible »...Là encore, je dois avouer ma propension à chialer. Je mélange les « ouin ouin » et les « win win ». Je tapote sur la table et je me lamente tout seul. Je discute avec mes voisins et j'expose mes vilaines cartes du style 72 35 J2. So what ? Ça ne sert strictement à rien. Je devrais en prendre mon parti et me dire « demain est un autre jour ». C'est la vérité avec cependant un risque « demain pourrait être pire ».
À cet instant de fureur plus très contenue, je devrais me lever, faire un petit tour et revenir plein de force. Faites de même et qui sait, vous inverserez peut-être le destin. Ça vaut la peine de tenter le coup, non ?


Ecrit par Chip&Win







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