LE BON CLIENT

Nous allons aujourd'hui nous intéresser au bon client. Qui est ce type ?

En cash game, c'est le type qui est un bon calling station avec soit des chips en quantité, soit un petit tapis. Ce dernier a moins de potentiel et peut chatter...

J'en ai eu un aujourd'hui en cash sur une «50 ». Le type vient de s'asseoir avec 50 devant lui. Il est middle pour sa première main et envoie sa boite. Ah, je m'en doutais, il a le profil. Je trouve Aks. D'après mon voisin, je dois suivre même si deux personnes sont déjà entrées dans le coup. Pour moi, c'est bizarre car c'est un peu comme tendre ma joue pour me faire cogner par un joueur agro. Comme je ne veux pas raise et perdre une partie de mon stack bien gagné, je fold. Je sais, c'est hyper serré, mais je tomberais certainement face à un coin flip qui me ferait perdre 1/6 de mon stack....car je sens que je vais perdre ce coup. Appelez ça le feeling ou la bêtise, le résultat est le même : je ne perds rien. C'est d'autant mieux que quelques temps plus tard, le même joueur limp UTG, son voisin raise 17 UTG+1, suivi par le joueur hyper lag de la table dont je reparlerai. Je trouve AA.

Quelle est votre action ? Mon voisin – oui, encore le même -, me dit "j'aurais relancé 60". Je ne suis pas d'accord car vu son profil, le joueur hyper lag aurait suivi. Mon choix est extrême car je pousse tout, soit 350, suivi par les deux premiers joueurs dans le coup et fold du dernier qui montre 67. Le flop apporte la preuve que j'ai eu raison car il donne 672o. Il aurait en fait touché full river avec le 7. Dans la réalité, le joueur large au petit tapis ne montre pas sa main, et l'autre montre KK. Je monte 150 de plus et quelques temps plus tard, je quitte la table, satisfait de ma session.

À cet instant, je ne pose plus de question à mon voisin car il va me dire « tu es result oriented ». Non, je suis prudent.

Revenons sur le joueur hyper lag. Ce joueur a lâché 150 en moins de 30', s'est recavé, a encore perdu près de 200. Puis son jeu large et bizarre lui a permis de connecter avec le flop et il a commencé à remonter. Après mon coup gagné avec AA, il m'a avoué qu'il n'avait pas envie de tenter un coup trop cher étant donné qu'il revenait de loin. Ça, c'est malin. Le pire de cette histoire, c'est de penser qu'il aurait sans doute suivi si il avait gagné à l'ouverture de la table. Décidément, face à un joueur de ce (non) calibre, gagner n'est pas simple.

Ces aventures se passent en cash. Nous sommes en quelque sorte dans un jeu binaire avec un joueur très large poussant souvent son mini stack, et un joueur hyper lag avec des jetons, capable d'en ressortir de ses pochez apparemment sans fond. Si ces joueurs sont dans un bon jour, le mieux est de mettre tout de suite les voiles. Les joueurs avec des premium vont, un moment ou l'autre, perdre leur premium. Le cash n'est qu'une seule face du jeu.

Et le bon client en tournoi, qui est-il ? Son profil m'intéresse car je suis plutôt tournoi. Ces joueurs se rencontrent également en tournoi. Les deux profils décrits ci-dessus, calling station et hyper lag, restent valables. Il existe aussi un troisième type de joueur. Aujourd'hui par exemple, un joueur de 25 ans sur cette fameuse table de cash, m'a affirmé être très agro en tournoi. Très, très bizarre car d'après ce que j'ai vu, il est vraiment hyper serré. Il pourrait avoir le troisième profil. En tournoi, ce type de joueur se transforme (Hulk ?) et devient "créatif". Il peut changer de braquet, raise ou 3-bet avec des mains variées, voire des poubelles. Attention, il fait ce move uniquement en cas de bon spot. J'aime bien les joueurs créatifs. Je dois avouer être parfois un joueur créatif. malheureusement, je le suis trop rarement et je reviendrai là-dessus prochainement. Si je connecte au flop, je grimpe rapidement un beau tapis. Sinon, adios. 
Rassurez-vous, je suis plutôt appliqué, sérieux et concentré sur les cotes, les attitudes des joueurs. Cependant, quand je vois les pros en action, je dois positionner des contre-feux. La meilleure manière est de leur rendre la pareille. L'arroseur arrosé. Ces joueurs sont assez simples à décoder. Quand ils connectent, ils continuent l'agression mais quand ce n'est pas le cas, ils fold. L'obstination n'est pas dans leur ADN.

Parmi les joueurs hyper lag, je dois toutefois distinguer deux types de joueurs: ceux qui relancent souvent en trouvant un « spot » (appelons-les Raise Pré Flop, soit RPF), et ceux qui suivent alors qu'ils n'ont en réalité qu'une action, coucher leur main (ce sont les Hyper Lag Sans Plan, soit HLSP). Les premiers sont souvent compétents, ce qui n'est pas le cas des seconds.

RFP tente des coups, un peu comme les pros. La vraie différence est post flop. RFP n'a en général pas un jeu très abouti et il va souvent vouloir arrêter le coup très vite, par peur. Quand il chatte, je suis dégoûté mais pas énervé. RFP tente des coups, certes EV-. C'est ainsi.

HLSP de son côté est réellement borné. Tant qu'ils gagnera en jouant comme ça, il continuera et ruinera les espoirs de bons joueurs. Souvent, HLSP n'est pas convivial à une table, voire arrogant. Je n'aime pas les joueurs déplaisants. Comme il ne comprend rien, il se vante et se glorifie de ses victoires.

Je viens de jouer un coup étrange. Sur des blinds 500-1000, je trouve QQ après que trois joueurs se soient invités. Je raise pot soit 5500 et un joueur pousse ses dernier jetons, soit 27k ce qui est à peu près la moitié de mon stack. Comme je regrette encore ce coup dans lequel j'ai mal jeté mes QQ, cette fois je décide de payer. Il dévoile...AJo. Ce type est vraiment un gros loser et un bon client car payer AJ en 3bet shove, c'est du grand nimp. Comme en ce moment, dès que j'ai JJ, QQ ou KK, un A tombe au flop, je ne suis pas vraiment rassuré. Non, en fait je suis dégoûté quand je vois la carte fatale tomber. Ces types trouvent toujours leur carte miraculeuse pour m'infliger une laideur ou une horreur. Non mais, ça va s'arrêter un jour. Je joue ma pleureuse et j'ai raison. Je chiale donc jusqu'à la river...qui me donne cette jolie Q.
Qui a dit que le poker était une horreur ? Vous, moi, tout le monde en fait. C'est notre phrase récurrente post bad beat. J'aimerais vous dire que je vais changer mais je n'y crois pas. 
Et vous, allez-vous changer ? 



Ecrit par Chip&Win