J'ai
récemment lu un article sur le poker se référant au "poteau
noir" ! L'idée est certes intéressante, mais il s'agit du "pot
au noir", une zone de convergence intertropicale dans
l'Atlantique. De poteau, il n'est en réalité pas question. La
beauté de la langue française est donc un redoutable piège avec
ses innombrables homophones. Remarquez, nous pourrions également
penser à un poteau noir comme la sombre incertitude du poker.
Mouais...
Il
s'agit bien d'incertitude car ce genre de zone existe effectivement
dans une partie de poker. Maldita, je viens seulement de
réaliser son existence. Pourtant, je joue depuis très longtemps au
poker. C'est une zone incertaine dans laquelle un joueur peut tout
vivre, le meilleur comme le pire. 
Dans
une partie de hold'em, nous pouvons échouer dans cette zone dans
trois grand cas de figure. Nous avons été trop passif et les blinds
nous ont dévoré. Nous avons pris un bad beat de derrière les
fagots. Enfin, nous avons été actif mais rien n'est venu. En effet, nous
touchons parfois des mains correctes mais le plus souvent de mauvaises
mains. 
Vous
allez me dire, « c'est pareil pour tout le monde », et
vous n'aurez pas tort. Il existe cependant une légère différence entre tous les joueurs.
Un très bon joueur ou un joueur pro va parfois open ou raise avec
ses mauvaises mains en bluff. Si tel est le cas, il va mieux s'en
sortir que nous autres joueurs amateurs. A un moment ou un autre, nous allons nous dégonfler. Pas lui. J'ai vu ce type de joueur
tomber dans cette zone. Contrairement à nous autres  joueurs
amateurs, il va continuer à être agressif comme si son stack était
toujours conséquent. Il ouvre et réévalue sa main. En cas de
3bet adverse, il se couche sans insister car il sait que vilain a une meilleure main que lui. Pour nous, c'est la même chose, à cela près que notre main
d'ouverture aura une range nettement plus forte.
Prenons
une main comme AT. C'est une assez belle main pour ouvrir mais cette
main ne tient pas sur un 3bet. Très clairement, nous allons la jeter
après une ouverture suivie d'un 3bet. C'est pourquoi nous n'avons
pas vraiment d'intérêt à jouer ce type de main en ouverture, sauf
si nous avons déjà arrêté un plan ou si nous avons un énorme tapis. Pour nous, un 3bet adverse sera
synonyme de belle main après notre ouverture. Le pro le sait et contre nous, il va souvent
faire ce move avec une « belle » main comme 4-8. Avec ce
type de raisonnement, nous n'avons donc pas forcément besoin d'une bonne
main pour ouvrir. Après le 3bet adverse, notre AT n'a pas plus de
valeur que 3-9. Nous devrions donc saisir des spots en cas de désert
et ce même avec des 7-2...
Je
viens donc de comprendre ce concept qui finalement s'apparente à ce
que font les bridgeurs ou mieux, les joueurs d'échec. Les bridgeurs
établissent un plan de jeu et s'y conforment, ou ils passent au plan
B. Les joueurs d'échec évaluent et réévaluent constamment le jeu
en fonction des actions de leur adversaire et surtout de leur
connaissance des déroulements des meilleures parties. À nous de
faire pareil au poker.
Dans
cette même zone de turbulence, je connais aussi des joueurs qui suivent un autre raisonnement en relançant faiblement
de grosses mains afin d'attirer des joueurs dans leur piège. Je pratique plutôt cette stratégie à high variance en début de partie. Peut-être ai-je tort ?
En effet, ils vont trop
souvent être suivis par au moins un joueur, parfois deux ou plus, et que vont-ils faire
avec leur KK si un A tombe au flop ? Folder...Il
est toutefois possible de jouer ce type de coup si on a la certitude
qu'au moins un des joueurs de la table est agro et va relancer. 
Il est encore plus imprévisible dans ce pot au noir car plus le niveau des joueurs sera élevé, plus les ouvertures et les 3bet seront nombreux. Avec les pros, ce sera encore plus fun car eux n'hésiteront pas à envoyer de gros 3bet avec air.
Alors, qui a raison ? C'est finalement les pros qui restent agressif en toute circonstance, et ce même avec des mains quelconques. Chez les amateurs, la prime sera à l'attente d'une main au minimum décente.  Pourtant, au
cours d'une partie de poker, chaque joueur va le plus souvent
recevoir de mauvaises cartes. C'est un fait. Nous vivons régulièrement des périodes sans cartes jouables qui nous permettent de nous relaxer ou au contraire nous entraînent sur le chemin du tilt et du désespoir. Et je parle de
longues périodes. Le problème est de sortir de ce désert de cartes
indemne, ce qui n'est pas une mince affaire. 
Les pros n'ont donc pas ce type d'interrogation.
Supposons à présent une sortie du pot au noir. Vous êtes tombé au-dessous de 10 BB ou un poil
au-dessus, et vous vous retrouvez dans la zone "push or fold". Vous trouvez AJ au cut off  et boom, vous poussez tout. Un joueur vous suit avec une main supérieure et
pourtant, il perd le coup. Bien, vous sortez de cette zone et vous vous
retrouvez à la tête d'un tapis décent de 25BB. 
Que
faire ? J'ai également discuté de ces périodes de rebond. Mes
potes du poker suivent le même raisonnement que moi. « Ah, le
mieux est d'attendre tranquillement une main ». Où est la
tranquillité ? Votre stack s'est rapproché de la moyenne et vous n'avez au contraire pas intérêt à vous recroqueviller. Souvenez-vous, vous étiez tombé à 10BB et vous êtes de nouveau dans le coup, alors profitez de l'instant et allez de l'avant. Sinon, vous repartirez pour
un tour. 
J'ai vu des pros tomber à 10BB et continuer à raise 2 BB. Ce sera la même chose après leur rebond. Mieux encore, à force de gagner de petits coups, ils n'auront plus besoin de doubler aussi vite. Ils n'ont pas peur, nous si !
J'ai
du boulot. Dans la zone du pot au noir, j'ai intérêt à push mes
mains et non à raise, même les grosses mains. Je dois aussi raise
quelques poubelles en saisissant des spots. Dans ce cas, 3-7 peut faire
l'affaire. Je vais donc revoir ma stratégie dès mon prochain
tournoi. Quelle stratégie adopter au fait ? Je n'ai pas la réponse, tout dépendra du metagame.
Ecrit par Chip&Win
Ecrit par Chip&Win




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