Tout à l'heure je vous parlais d'une comparaison
osée. La voilà. 
J'ai affronté de nombreuses fois de jeunes
joueurs hyper agro capables du pire comme du meilleur. Leur stratégie
est toujours la même. Elle est simple et limpide. Agresser, dominer,
agresser, dominer. Ils n'ont pas de pédale de frein. En règle
générale, ils relancent tous les coups, placent un 3-bet une fois
par orbite et parfois limpent pour piéger.
 
D'après moi, ils n'ont qu'un défaut, mais un
défaut de taille. Ils ne savent pas
changer de rythme et calmer les débats,
même avec un stack en diminution. C'est
finalement une bonne chose pour
nous autres joueurs plutôt EV+. Nous avons
un réel edge sur eux : nous
savons mieux
gérer un
stack moyen ou petit.
Mieux encore. Pour eux, les joueurs
au-dessus de 30 ans sont des livetards qui ne comprennent rien au jeu
moderne.
J'ai envie de leur dire : « eh les
gars, je jouais déjà à ce jeu que vous n'étiez même pas
l'embryon d'une idée. ». Évidemment, comme les plus de 40
ans, j'ai forcément un peu de mal à changer mes habitudes. Il a
fallu passer du poker fermé au hold'em et aux autres variantes. Puis
s'adapter aux jeux des novateurs. Nous savons donc nous adapter et
pas eux.
Avec leur jeu actif, les joueurs agro ont un
avantage implicite : ils vont voir
plus de flops et donc se donner plus de chance de connecter quelque
chose. Ils vont donc continuer ad vitam
aeternam à relancer en position ou hors
position avec pas grand chose. La position
n'est pas ancrée dans leur ADN. Ils se préoccupent avant tout de
leur image. Ils montent très souvent d'énorme stacks mais ne les
conservent pas toujours car ils bluffent et bluffent encore et
toujours. Il leur manque souvent un petit truc indispensable :
l'histoire qu'ils racontent à travers ces bluffs n'est pas toujours
crédible !
Là où ils sont également
très forts c'est qu'ils savent rester
invisibles. 
Ce type de joueur va soit grimper un gros stack
dès le début du tournoi, soit sauter rapidement. Vous avez compris.
Ils jouent certes bien mais sont finalement assez prévisibles. S'ils
n'ont pas de cartes et pas de chance, ils sautent. 
Dans un sens, ils sont comme les débutants dont
je vous parlais dans la première partie de ce papier.
Ils jouent souvent
any two avec des connecteurs ou des cartes
assorties. Les
débutants jouent soit uniquement les premiums, soit any two - c'est
donc un point commun avec les pros – mais
ne comprennent pas les concepts de connecteurs et de cartes assorties
– c'est donc une différence avec les pros.
De toute manière, la
vraie différence,
et elle est de
taille, se voit post flop. Là où les
débutants vont prendre peur et tout envoyer avec un grosse paire et
abandonner avec rien, les pros maîtrisent le jeu
post flop. Pour vous dire la vérité, ils vont encore
plus loin car ils vont parfois 3-bet ou
4-bet en plein vol avec rien du tout. Comme
ils sont invisibles préflop, cette histoire va souvent être bien
racontée. 
J'en ai fait les frais avec QQ au bouton sur une
BB à 400 relancée à 1200, 3-bet 3700 par la SB et 4-bet par la BB
qui couvrait légèrement mon tapis (deux fois l'average du tournoi).
Le voyant sur KK ou AA, j'ai lâché ma main, la SB a envoyé sa
boite payé par BB, les deux retournant respectivement T6 et A9 pour
un hauteur T au board. J'ai donc fait une erreur. Pas tout à fait
car le lendemain la même situation s'est présentée à ma table
avec d'autres joueurs en lice et le 4-bet a montré AA. Conclusion : les pros savent jouer avec leur adversaire, dissimuler leur main et globalement lire leurs adversaires. Bon, ce n'est pas toujours vrai comme un de mes adversaires l'a amèrement constaté dans un autre tournoi. C'est normal, pour lui je n'existais pas.
Mais ça c'est une autre histoire.

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