Vous l'avez deviné, je vais vous parler du trop fameux one outer. Cette appellation bizarre signifie simplement qu'une seule carte peut vous faire remporter le coup ou au contraire vous faire perdre le coup. Si vous étiez favori au début du coup, que la situation s'est retournée, ce ne sera que justice. Si en revanche vous étiez dominé, votre adversaire subira un méchant bad beat.
Intéressons-nous au premier cas. Vous avez une grosse main comme par exemple JJ. La bulle se rapproche à grands pas et vous avez encore 15BB. Vous êtes UTG et vous savez que vous avez peu de chance de trouver une meilleure main. Cela étant, vous connaissez la fragilité de cette main. Ne dit-on pas « il n'y a aucune manière de jouer JJ car à la fin, on perd toujours ». Vous ne croyez pas à ces fadaises. Vos adversaires ont des tapis allant de 5 blinds à 50 blinds. Vous décidez de prendre un risque et vous poussez tout. À mon avis, la décision à ce stade du tournoi est sage même si vous risquez de ne gagner que quelques chips. Vous avez encore de la fold equity avec vos 15BB et seules des mains du premier ou deuxième groupe de Slansky vont tenter leur chance. Un joueur avec 20 blinds en milieu de parole call et les autres passent. Vous n'êtes pas rassuré car vous savez qu'il a une vraie main. Ce n'est pas le cas car ce call est parfaitement stupide : le joueur en question montre une main très moche, A8o. C'est du grand n'importe quoi. Vous jouez un 70/30. C'est bon ça, vous allez doubler. Le flop vous liquéfie : 838. Il a floppé son brelan de l'espace ! À cet instant, un joueur malin à la table annonce qu'il avait un valet. Sur la turn, un insignifiant 2, vous enfilez votre veste, prêt à aller voir ailleurs si le temps est meilleur. Le J salvateur à la river vous réconcilie avec la vie en général et le poker en particulier.
Vous venez de toucher un très beau one outer. Votre adversaire crie au bad beat mais il ne comprend rien à rien et quelques coups plus tard, il ira compter son histoire absurde aux oiseaux et vous continuerez votre marche en avant. Un des problèmes lié à ce genre de situation est le manque de compétence de certains joueurs. Dans le meilleur des mondes possible, tout le monde jouerait son A-game, mais ce n'est pas le cas et c'est très navrant. Je ne parle pas des joueurs qui tentent des moves avec des mains à potentiel ou avec n'importe quoi. Ils ont une logique derrière et ce sont les agresseurs. Je parle des joueurs qui jouent EV- en défense, et ils sont nombreux !
Passons au second cas. Nous sommes toujours dans le même tournoi et la bulle a éclaté. Vous avez une dizaine de blinds pour un tapis de 90k. UTG+1, vous trouvez 77. La position est mauvaise mais qui sait si vous trouverez une meilleure main ? Vous décidez de tout miser en espérant un fold général. Un joueur deux places à votre gauche avec une vingtaine de blinds en décide autrement et annonce « tapis ». Aïe, le mot que vous ne vouliez pas entendre. Tout le monde se couche, et un joueur en fin de parole retourne par inadvertance un 7. Votre adversaire montre 88. Soyons honnête : son move est mauvais car vous êtes en-dessous de votre range habituelle. Si le joueur avait été attentif, il l'aurait su, mais c'est son premier tournoi live. En effet, si par hasard il perd ce coup, sa position à la table va changer et de tapis moyen, il va passer à petit tapis. La gestion de son tournoi s'en ressentira donc. Finalement, son mauvais call s'avère excellent, surtout après l'exposition du 7. Vous mettez directement votre veste pour vous dirigez vers la sortie tout en invoquant un 8. Par chance, il tombe à la river et votre brelan vous propulse en avant dans ce tournoi que vous allez finir par gagner.
Ces deux anecdotes sont des grands classiques du one outer. Il en existe bien sûr des centaines d'autres. Pour finir ce papier, je vais aller dans un autre univers, pas si éloigné car il appartient à la même lignée des situations horribles.
Imaginons que vous ayez cette fameuse main AA en début de tournoi. Tous les joueurs ont 200BB.
Après votre raise classique à 2.5 BB, votre adversaire qui est un joueur hyper agressif et déplaisant vous annonce de but en blanc « tapis ». Vous payez debout sur la table en vous disant qu'il doit avoir KK ou QQ. Dommage pour lui. Quand il retourne un magnifique K8, vous vous frottez les mains. Le flop donne 374 rainbow qui n'arrange personne. Tout se présente bien. La turn donne un 5 qui permet à votre adversaire d'espérer une quinte. Il exulte sur le 6 à la river et crie un magnifique « tout pour papa ». Vous venez de toucher le fond des runner runner runner runner, qui dit mieux ?
Ecrit Par Chip&Win



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