lundi 5 décembre 2016

LE CHOIX


LE CHOIX



L'histoire qui suit n'en est pas une, mais elle monopolise une partie de mes pensées.
Sur la liste d'attente d'un tournoi freeroll sympa que je connais bien et que j'ai déjà joué, j'ai finalement décidé de m'inscrire à un tournoi payant de bonne facture. En gros, j'ai craqué en assurant mes arrières. Imaginons que la liste d'attente se transforme en confirmation. Que vais-je faire ? Bon me direz-vous, dans ce cas, ce serait un choix de riche. Vous n'auriez pas tort.
Je serais donc face à un vrai dilemme. Bien évidemment, le ratio risque/récompense penche plutôt pour le tournoi payant. Vous vous dîtes fort justement : « Le freeroll est gratuit alors que l'autre demande un investissement de quelques centaines d'euros ». C'est vrai. L'ensemble des joueurs inscrits dans le tournoi payant va sans doute générer un gros prizepool, avec à la gagne une très belle somme. De plus, le nombre d'ITM va être conséquent et dépasser les 40K. De son côté, le freeroll offre un beau lot – un tournoi payant - au vainqueur et quelques cadeaux pour le runner-up et les joueurs de la table finale. Neuf ou dix, je n'en sais rien. Souvent, seul le lot principal est attractif alors que dans les tournois payants, la TF est correctement rétribuée, les trois derniers prétendants à la victoire gagnant la majorité du prize pool.
Parlons à présent du cœur de ce débat : les joueurs. Je connais les deux types de joueurs, gratuits et payants. Enfin, quand je dis « types », il ne s'agit pas de typologie mais bien d'approche. D'un côté du prisme, on trouve les joueurs dits « associatifs ». Ils se sont souvent gavés de TF diffusées à la télévision. Ils débutent de moins en moins et ont plutôt une pratique régulière. Le seul problème, c'est qu'ils jouent souvent entre eux, dans leur univers et sont toujours dans leur zone de confort. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'ils lisent beaucoup de livres sur le poker ou de magazines. En revanche, appartenant à un club, ils échangent très régulièrement avec leurs partenaires. Ils corrigent le cas échéant des problèmes avérés grâce aux conseils avisés de camarades participant à des tournois payants.
De l'autre côté du prisme, on rencontre les joueurs pros aguerris avec une technique éprouvée en France et parfois ailleurs. Dans les freeroll, il n'est paradoxalement pas rare de croiser des joueurs pros, par exemples des joueurs sponsorisés par la room organisant le tournoi. Ils sont là pour jouer le jeu et le jouent joliment bien. J'ai en particulier croisé un joueur pro dans un freeroll avec 160 joueurs au départ. Nous n'étions plus qu'une trentaine et la bulle approchait à grands pas. Ce joueur avait beaucoup bougé sans forcément connecter, et il se retrouvait à 6BB. Il a alors fait ce que seul un joueur pro ferait, il a effrayé la table en relançant à 2.5BB, suivi quatre fois, avant de c-bet à 2BB au flop. Les quatre autres joueurs présents dans le coup ont fold. Un joueur aso ne ferait pas ça car il serait immédiatement suivi post flop ou relancé pré flop. En tout cas, les joueurs asso ont souvent une immense qualité au poker : ils sont très patients et attendent les cartes.
Les joueurs freeroll sont assez prévisibles. Même dans un freeroll, ils peuvent être « scared money », ce qui est un comble, et hésiter à engager leur main sans une premium. En réalité, ce scared money est un « scared time » car ils ne veulent pas gâcher leur journée en sautant trop rapidement. Si cela leur arrive, que diront-ils à leurs camarades de club, immanquablement présents dans le tournoi ? Ils parleront naturellement d'un bad beat car finalement, presque 100 % des joueurs sautant d'un freeroll sortent sur un bad beat. Je blague bien sûr mais en passant dans les couloirs de ces tournois, c'est un peu l'impression qui en ressort. Ces joueurs associatifs lâchent sur des 3-bet ou 4-bet. Ils peuvent aussi être hyper agressifs, mais sans plan précis. Ils veulent montrer à leurs adversaires leur côté « Gus Hansen » et effrayer la table. Ce n'est pas toujours crédible mais si cela fonctionne de temps en temps, cela leur suffit. Je croise régulièrement des joueurs avec ces fameux move nimp sur Internet. Je sais, les débutants des freerooll peuvent aussi jouer nimp et détruire de meilleurs joueurs, mais ça, c'est le poker, non ?
Tentons à présent de dresser une typologie rapide des joueurs présents dans les tournois payants. Je ne reviendrais pas sur les joueurs asso vus précédemment. Cette fois, la majorité d'entre eux va être scared money, ni plus, ni moins. Les débutants sont également scared money, surtout si ce sont habituellement des joueurs asso qui ont décidé de miser un peu pour une première fois. C'est un peu comme pour les joueurs online qui tremblent la première fois qu'il jouent un freeroll live. Les « touristes » peuvent venir de loin. Comme ils n'ont pas envie de repartir tout de suite, ils vont être patients et attendre les cartes. La catégorie des reg de leur côté est difficile à appréhender. Les reg jouent tout le temps, connaissent tout le monde. Ils parviennent souvent à se frayer un chemin jusqu'à la TF. Ils n'ont absolument pas peur de tout perdre. Leurs ranges fait le grand écart. Certains peuvent être patients et réserver leurs moves aux grosses mains et d'autres au contraire être hyper agressifs. D'autres encore ajoute une cerise sur le gâteau avec une spécialité : déstabiliser leurs adversaires par une agression verbale continuelle. C'est pénible. Et les joueurs pros alors ? Ils sont hyper agressifs...avec un plan de jeu précis. Ils vont entrer dans des mains avec un min raise. Au début du tournoi, ils vont jouer au moins 60 % des mains et ne pas hésiter à raise avec 82o. Ils n'ont pas peur et savent que pour gagner, ils doivent monter des jetons. C'est là toute la différence. Ils lisent leurs adversaires – pas toujours très bien ! - et n'hésitent pas à envoyer un 4-bet light sur un spot déterminé. Cette notion de « spot » n'existe que fort peu dans les tournois freeroll. Cela étant, en jouant hyper agro et en relançant quasiment toutes les mains, ils vont devoir soit toucher, soit connecter, sinon adios !
Les deux types de tournois ont un point commun : les premiers sortants ne savent pas gérer un set up ou ils subissent un bad beat de plein fouet. Si le tournoi freeroll se situait après le tournoi payant, je n'aurais pas de choix à opérer. Je commencerais par le tournoi payant et, en cas de bad beat – oui, je suis patient et min agro -, j'irais tranquillement jouer le freeroll. Cette fois, c'est le contraire. En fin de compte, je n'ai donc pas le choix. Si ma liste d'attente se transforme en confirmation, je vais me désinscrire et jouer le tournoi payant. C'est aussi bien comme ça. Peut-être même vais-je le gagner ? Ça, c'est une autre histoire.

Ecrit par Chip&Win


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