L'histoire qui
suit n'en est pas une, mais elle monopolise une partie de mes
pensées.
Sur la liste
d'attente d'un tournoi freeroll sympa que je connais bien et que j'ai
déjà joué, j'ai finalement décidé de m'inscrire à un tournoi
payant de bonne facture. En gros, j'ai craqué en assurant mes
arrières. Imaginons que la liste d'attente se transforme en
confirmation. Que vais-je faire ? Bon me direz-vous, dans ce
cas, ce serait un choix de riche. Vous n'auriez pas tort.
 
Je serais donc
face à un vrai dilemme. Bien évidemment, le ratio risque/récompense
penche plutôt pour le tournoi payant. Vous vous dîtes fort
justement : « Le freeroll est gratuit alors que l'autre
demande un investissement de quelques centaines d'euros ».
C'est vrai. L'ensemble des joueurs inscrits dans le tournoi payant va
sans doute générer un gros prizepool, avec à la gagne une très
belle somme. De plus, le nombre d'ITM va être conséquent et
dépasser les 40K. De son côté, le freeroll offre un beau lot –
un tournoi payant - au vainqueur et quelques cadeaux pour le
runner-up et les joueurs de la table finale.  Neuf ou dix, je n'en
sais rien. Souvent, seul le lot principal est attractif alors que
dans les tournois payants, la TF est correctement rétribuée, les
trois derniers prétendants à la victoire gagnant la majorité du
prize pool.
Parlons à
présent du cœur de ce débat : les joueurs. Je connais les
deux types de joueurs, gratuits et payants. Enfin, quand je dis
« types », il ne s'agit pas de typologie mais bien
d'approche. D'un côté du prisme, on trouve les joueurs dits
« associatifs ». Ils se sont souvent gavés de TF
diffusées à la télévision. Ils débutent de moins en moins et ont
plutôt une pratique régulière. Le seul problème, c'est qu'ils
jouent souvent entre eux, dans leur univers et sont toujours dans
leur zone de confort. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'ils lisent
beaucoup de livres sur le poker ou de magazines. En revanche,
appartenant à un club, ils échangent très régulièrement avec
leurs partenaires. Ils corrigent le cas échéant des problèmes
avérés grâce aux conseils avisés de camarades participant à des
tournois payants.
 
De l'autre côté
du prisme, on rencontre les joueurs pros aguerris avec une technique
éprouvée en France et parfois ailleurs. Dans les freeroll, il n'est
paradoxalement pas rare de croiser des joueurs pros, par exemples des
joueurs sponsorisés par la room organisant le tournoi. Ils sont là
pour jouer le jeu et le jouent joliment bien. J'ai en particulier
croisé un joueur pro dans un freeroll avec 160 joueurs au départ.
Nous n'étions plus qu'une trentaine et la bulle approchait à grands
pas. Ce joueur avait beaucoup bougé sans forcément connecter, et il
se retrouvait à 6BB. Il a alors fait ce que seul un joueur pro
ferait, il a effrayé la table en relançant à 2.5BB, suivi quatre
fois, avant de c-bet à 2BB au flop. Les quatre autres joueurs
présents dans le coup ont fold. Un joueur aso ne ferait pas ça car
il serait immédiatement suivi post flop ou relancé pré flop. En
tout cas, les joueurs asso ont souvent une immense qualité au
poker : ils sont très patients et attendent les cartes.
Les joueurs
freeroll sont assez prévisibles. Même dans un freeroll, ils peuvent
être « scared money », ce qui est un comble, et hésiter
à engager leur main sans une premium. En réalité, ce scared money
est un « scared time » car ils ne veulent pas gâcher
leur journée en sautant trop rapidement. Si cela leur arrive, que
diront-ils à leurs camarades de club, immanquablement présents dans
le tournoi ? Ils parleront naturellement d'un bad beat car
finalement, presque 100 % des joueurs sautant d'un freeroll
sortent sur un bad beat. Je blague bien sûr mais en passant dans les
couloirs de ces tournois, c'est un peu l'impression qui en ressort.
Ces joueurs associatifs lâchent sur des 3-bet ou 4-bet. Ils peuvent
aussi être hyper agressifs, mais sans plan précis. Ils veulent
montrer à leurs adversaires leur côté « Gus Hansen »
et effrayer la table. Ce n'est pas toujours crédible mais si cela
fonctionne de temps en temps, cela leur suffit. Je croise
régulièrement des joueurs avec ces fameux move nimp sur Internet.
Je sais, les débutants des freerooll peuvent aussi jouer nimp et
détruire de meilleurs joueurs, mais ça, c'est le poker, non ? 
Tentons à
présent de dresser une typologie rapide des joueurs présents dans
les tournois payants. Je ne reviendrais pas sur les joueurs asso vus
précédemment. Cette fois, la majorité d'entre eux va être scared
money, ni plus, ni moins. Les débutants sont également scared
money, surtout si ce sont habituellement des joueurs asso qui ont
décidé de miser un peu pour une première fois. C'est un peu comme
pour les joueurs online qui tremblent la première fois qu'il jouent
un freeroll live. Les « touristes » peuvent venir de
loin. Comme ils n'ont pas envie de repartir tout de suite, ils vont
être patients et attendre les cartes. La catégorie des reg de leur
côté est difficile à appréhender. Les reg jouent tout le temps,
connaissent tout le monde. Ils  parviennent souvent à se frayer un
chemin jusqu'à la TF. Ils n'ont absolument pas peur de tout perdre.
Leurs ranges fait le grand écart. Certains peuvent être patients et
réserver leurs moves aux grosses mains et d'autres au contraire être
hyper agressifs. D'autres encore ajoute une cerise sur le gâteau
avec une spécialité : déstabiliser leurs adversaires par une
agression verbale continuelle. C'est pénible. Et les joueurs pros
alors ? Ils sont hyper agressifs...avec un plan de jeu précis.
Ils vont entrer dans des mains avec un min raise. Au début du
tournoi, ils vont jouer au moins 60 % des mains et ne pas
hésiter à raise avec 82o. Ils n'ont pas peur et savent que pour
gagner, ils doivent monter des jetons. C'est là toute la différence.
Ils lisent leurs adversaires – pas toujours très bien ! - et
n'hésitent pas à envoyer un 4-bet light sur un spot déterminé.
Cette notion de « spot » n'existe que fort peu dans les
tournois freeroll. Cela étant, en jouant hyper agro et en relançant
quasiment toutes les mains, ils vont devoir soit toucher, soit
connecter, sinon adios !
Les deux types
de tournois ont un point commun : les premiers sortants ne
savent pas gérer un set up ou ils subissent un bad beat de plein
fouet. Si le tournoi freeroll se situait après le tournoi payant, je
n'aurais pas de choix à opérer. Je commencerais par le tournoi
payant et, en cas de bad beat – oui, je suis patient et min agro -,
j'irais tranquillement jouer le freeroll. Cette fois, c'est le
contraire. En fin de compte, je n'ai donc pas le choix. Si ma liste
d'attente se transforme en confirmation, je vais me désinscrire et
jouer le tournoi payant. C'est aussi bien comme ça. Peut-être même
vais-je le gagner ? Ça, c'est une autre histoire.
Ecrit par Chip&Win
Ecrit par Chip&Win


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